Lundi 14 décembre 1942

" Tu es comme moi, heureux de donner ; l'argent n'a d’utilité que pour cela seulement, vivre décemment et faire des heureux autour de soi."

Les étrennes

Loterie nationalle, affiche Jean Routier - Paris Musées
Loterie nationalle, affiche Jean Routier - Paris Musées

"Ce matin, j'ai enfin mes emplettes de timbales. Bien difficiles à trouver en métal argenté. [...] Si tu peux participer à ces cadeaux, actuellement tout est si cher qu'il faut là aussi se solidariser. [...] Cependant, ta sœur et ton frère sont si chics à ton égard qu'il me paraît nécessaire que tu "es" un geste personnel soit pour eux soit pour les gosses."

 

Les cadeaux prévus : des timbales, un tablier, une poupée de son, une chemise, un phare de vélo....

Un bruit d'explosion mystérieux

Commando sur la Gironde, film de José Ferrer, 1955 - Sud Ouest
Commando sur la Gironde, film de José Ferrer, 1955 - Sud Ouest

" Samedi matin des gens ont entendu un formidable bruit d'explosion [...] Il en ressort que 5 bateaux d'occupants armés se sont échoués dans le port. On fait grand mystère de ce fait qu'on attribue aux Anglais mais en réalité c'est assez mystérieux et on ne sait pas s'il n'y a eu sabotage ; mais je me demande de qui."

 

 

Nota bene : La presse de 1942 n'évoque pas cette opération dite Frankton. Dix hommes d'une unité de commandos britanniques entrent le 7 décembre 1942 sur des kayaks dans l'estuaire de la Gironde. ils veulent attaquer des navires de l’Axe, basés dans le port de Bordeaux. L'opération réussie mais huit des dix commandos meurts (noyés ou exécutés par les Allemands).

Tuyaux sur le sabordage de Toulon

" J'arrive de chez Gausserand, j'ai eu des tuyaux sur Toulon. A 2h du matin un très fort contingent d'infanterie est arrivé en force. En 1èr lieu ils ont surpris l'officier de service pour s'emparer de la Préfecture maritime et de toutes les lignes téléphoniques. L'officier pas bête a cherché à gagner du temps en demandant des ordres d'un officier de son grade car il s'est aperçu que les officiers français qui lui parlaient étaient déguisés. Il n'a pu malgré cela donner l'alerte aux bateaux que par un petit appareil à ondes très courtes (je crois que c'est un appareil "tacphonie (?)) auquel on n'avait pas pris garde. Les équipages des bateaux occupés et surpris en pleine nuit par les fantassins  qui avaient donné un assaut furieux d'abordage n'ont rien pu faire de mieux que de préparer les sabordages au nez et à la barbe des fantassins qui naturellement ne comprennent rien à la marine.  Quand ils ont entendu les explosions et ont senti les bateaux s'enfoncer la panique a été grande et ils se sont enfuis."

En savoir plus sur le sabordage de Toulon du 27 novembre 1942


Lettre d'Alice Mandouze à Jean Mandouze, lundi 14 décembre 1942, 9h30,  puis 17 heures, 3 feuillets séparés recto/verso.