Jeudi 8 octobre

" Dis toi bien, mon grand fils, qu'il y a dans toutes les vies, mêmes celles qui paraissent bien calmes, des heures houleuses et bien noires où on se sent abandonné et pitoyable. Du moins, tu sais que tous nous t'aimons bien fort et que Dieu est toujours là. S'il t'a envoyé cette épreuve c'est parce qu'il veut que tu deviennes un homme, humain, fort et compréhensif."

Plaisir d'écrire

Lycée Saint Louis Paris - ParisMusées PH25666
Lycée Saint Louis Paris - ParisMusées PH25666

De ma table de bureau ma pensée prend son vol vers Paris, ce Paris qui enferme un trésor cher à nos cœurs. Ou es tu ?

" Petit chéri pour combler les vides de tes heures de liberté va chez cette Mme Werth dont Dédé t'a parlé, continue à connaitre Paris, cause avec le prêtre aumônier qui t'aidera....La tante de Madame Delhomme serait heureuse de te connaitre, elle vit dans un couvent à Paris et est fort riche...ce n'est pas son milieu social qui t’intéresse mais la paix de son couvent ... et la philosophie de sa vie de vieille femme comblée qui finit dans la retraite et la paix avec le sourire et la charité. "

Vie quotidienne

La Petite Gironde, 8 octobre 1942
La Petite Gironde, 8 octobre 1942

 

" Les voyages en chemin de fer sont augmentés de 25% à partir du 15. Donc de Paris à Bordeaux, le voyage coutera 300 fr. Ne t'en fais pas, petit, nous nous en sortirons.[..]

Il n'y a vraiment rien au marché. Aujourd'hui moules minuscules et fayots? Cette semaine nous avons mangé oeufs, bolsang et têtes de baudroies. c'est tout. Ta sœur doit nous envoyer des pommes, mais rien pour le moment. Le ravitaillement de beurre nous octroie généreusement 30 grammes !! "

Nouvelles de la guerre

La Petite Gironde, 10 octobre 1942
La Petite Gironde, 10 octobre 1942

" Les départs obligatoires continuent d'empoisonner bien des familles et dans les usines ça ne va pas du tout. Sois patient et raisonnable, c'est cela la vraie volonté. Que cela te donne du courage de supporter les misères de la vie de "pensio" qui ne sont rien à côté de ce qui t'attendrait si tu n'étais pas enfermé dans ton bahut."

A la radio

" Georges Thil chante derrière moi l'air de Liszt Rêve d'amour, mon Dieu, je trouve qu'il chante délicieusement. "


Lettre d'Alice Mandouze à Jean Mandouze, 8 octobre 1942, 17h30, 6 pages, 19x15cm